Thème: Individuel et collectif
La
Résistance à travers l'Art et la Littérature
SOMMAIRE:
INTRODUCTION
I/ Hors des camps:
A/ L'art, un moyen de subversion
B/ L'art pour soutenir
C/ L'art, une façon de rester libre
II/ Dans les camps:
A/ Lutter contre la déshumanisation
B/ Fuir la réalité
C/ L'art un moyen de rassembler les individus
CONCLUSION
INTRODUCTION
Le
22 juin 1940, La France est envahie ce qui conduit à une exode
massif des civils du Nord vers le Sud. Une ligne de démarcation est
ainsi créée : la zone Nord est contrôlée par les allemands tandis
que la zone Sud dite « libre » est sous la politique de Vichy
instaurée par Pétain. Cette division géographique résulte en une
division idéologique : opposés aux collaborateurs et à la Milice,
la police du régime de Vichy, se créé un mouvement de protestation
: la Résistance.
La
Résistance est le terme pour désigner l'ensemble des individus
(hommes et femmes) participant à des mouvements ou des réseaux
clandestins pour lutter contre l'occupation allemande, à partir de
l'armistice du 22 juin 1940. Certaines des actions menées ont bien
étaient violentes (sabotages), d'autres étaient pacifiques mais
pas moins importantes (renseignement, dissimulation de personnes
recherchées, presse et écrits clandestins).
L'unification des forces de la Résistance a été réalisée sous la direction du Général De Gaulle chef de la "France libre" en Angleterre, avec la création du conseil national de la Résistance (CNR1) par Jean Moulin2, le 27 mai 1943. Malheureusement le combat de ces hommes et de ces femmes qui résistaient par les écrits qu'ils produisaient, fut souvent stoppé par la censure.
La censure est une limitation arbitraire ou doctrinale de la liberté d'expression de chacun. Elle passe par l'examen du détenteur d'un pouvoir sur des livres, journaux, bulletins d'informations, pièces de théâtre, films, etc. avant d'en permettre la diffusion au public. Par extension, la censure désigne différentes formes d'atteintes à la liberté d'expression, avant ou après leur diffusion .
Ce
n'est pas seulement la presse qui fut entravée par la censure mais
toutes les formes artistiques et culturelles. En effet,
Dès
le 28 août 1939, un contrôle préventif des imprimés est mis en
place en prétextant que le pays est en guerre. Sous
l'occupation de la France, les médias ont joué un rôle important
en diffusant des informations à l'aide des journaux, de la radio, ou
des actualités cinématographiques. Mais les civils devaient se
méfier des infos mensongères, de la propagande et de la censure.
C'est pourquoi certains d'entre eux écoutaient les radios étrangères ou clandestines comme la Radio de Londres par exemple. La Résistance joua un rôle important en publiant des poèmes, des écrits ou des chansons dans la clandestinité.
Après avoir mis en évidence les précédentes informations, la question suivante se pose : Comment des poètes et musiciens amateurs ou professionnels ont-ils mobilisé leur art au service de la Résistance durant la Seconde guerre mondiale ? Pour cela nous nous appuierons sur des œuvres écrites et composées à l'extérieur puis dans les camps en nous concentrant sur les objectifs de ces artistes.
C'est pourquoi certains d'entre eux écoutaient les radios étrangères ou clandestines comme la Radio de Londres par exemple. La Résistance joua un rôle important en publiant des poèmes, des écrits ou des chansons dans la clandestinité.
Après avoir mis en évidence les précédentes informations, la question suivante se pose : Comment des poètes et musiciens amateurs ou professionnels ont-ils mobilisé leur art au service de la Résistance durant la Seconde guerre mondiale ? Pour cela nous nous appuierons sur des œuvres écrites et composées à l'extérieur puis dans les camps en nous concentrant sur les objectifs de ces artistes.
I/
Hors des camps
A)
L'art, un moyen de subversion
1940,
La France est occupée par l’Allemagne nazi, en Pologne le camp
d'extermination d’Auschwitz est ouvert, le général de Gaulle
lance un appel engageant les
Français à poursuivre la lutte et fonde un gouvernement français
en exil le 18 juin. Face à l'horreur de cette guerre inattendue des
mouvements de contestations se forment devenant peu à peu « la
Résistance ».
Même si beaucoup collaborent avec l'ennemi ou s’accommodent à la situation, certains, hommes, femmes ou enfants de toute l'Europe choisissent de résister dans l'espoir d'un futur meilleur. Ce flot subversif voit des individus provenant de toutes catégories sociales se battre ensemble pour des idées et des valeurs reçues en se positionnant de manière différente. Certains utilisent la violence ou bien apportent leur aide aux familles, d'autres, pour contester se servent de la musique ou de la poésie.
Même si beaucoup collaborent avec l'ennemi ou s’accommodent à la situation, certains, hommes, femmes ou enfants de toute l'Europe choisissent de résister dans l'espoir d'un futur meilleur. Ce flot subversif voit des individus provenant de toutes catégories sociales se battre ensemble pour des idées et des valeurs reçues en se positionnant de manière différente. Certains utilisent la violence ou bien apportent leur aide aux familles, d'autres, pour contester se servent de la musique ou de la poésie.
Bien
que très restreintes, certaines organisations contournent et
occultent la censure et mobilisent des artistes résistants afin que
ceux-ci continuent de publier et de partager leur art au service de
la liberté.
Des
organisations résistantes et leurs artistes:
Comme
dans tous les milieux, les musiciens représentent une minorité dans
la Résistance. Créé
en mai 1941 à l'instigation du parti communiste et animé par Elsa
Barraine3
et Roger
Désormière4, le Front national des musiciens est l’unique organisation de
résistance spécifique aux musiciens. Celle-ci diffuse
successivement deux périodiques clandestins, Musiciens
d’aujourd’hui puis Le
Musicien patriote,
prônant la « contrebande musicale », c’est-à-dire
incitant à jouer ce qui est interdit. Parmi
ces musiciens on pouvait compter Francis Poulenc, Arthur Rosenthal ou
Jacques Chailley (créateur de l’Orchestre des Cadets du
Conservatoire pour sauver les jeunes musiciens du STO).
Il s’agissait alors de jouer devant les Allemands des fragments d’airs patriotiques insérés dans d’autres œuvres comme par exemple Poulenc, qui inséra un passage de « Vous n'aurez pas l'Alsace et la lorraine» dans la partition des Animaux modèles (que les officiers allemands ne reconnurent pas à l'époque). Ce dernier prône également la résistance en écrivant la même année (1943) une cantate qu'il appelle « Figure humaine » sur des textes de Paul Eluard qui doit attendre 1945 pour être créée (à Londres), sans aucun doute en raison du poème qui la conclut : Liberté. Expression de la douleur et de la solitude, évocation de la mort et de la folie meurtrière des hommes laissant pourtant percer une lueur d'espoir, cette cantate adopte essentiellement une écriture verticale favorisant l'intelligibilité du texte.
Il s’agissait alors de jouer devant les Allemands des fragments d’airs patriotiques insérés dans d’autres œuvres comme par exemple Poulenc, qui inséra un passage de « Vous n'aurez pas l'Alsace et la lorraine» dans la partition des Animaux modèles (que les officiers allemands ne reconnurent pas à l'époque). Ce dernier prône également la résistance en écrivant la même année (1943) une cantate qu'il appelle « Figure humaine » sur des textes de Paul Eluard qui doit attendre 1945 pour être créée (à Londres), sans aucun doute en raison du poème qui la conclut : Liberté. Expression de la douleur et de la solitude, évocation de la mort et de la folie meurtrière des hommes laissant pourtant percer une lueur d'espoir, cette cantate adopte essentiellement une écriture verticale favorisant l'intelligibilité du texte.
Extrait
de « Figure humaine » de Poulenc : Liberté
D'autres
manifestations de ce genres auront lieu comme celle de ce musicien
de l'Opéra Garnier qui fit entendre quelques notes de la
Marseillaise lors d’une représentation de Carmen (opéra de
Bizet). Plusieurs œuvres patriotiques furent composées durant cette
période, notamment sur des œuvres de poètes interdits :
Georges Auric composa Six poèmes de Paul Eluard (1940-1941), et
Quatre Chants de la France malheureuse, sur des textes de Jules
Supervielles, Eluard et Aragon.
Parmi les organisations majeurs de la Résistance durant la seconde guerre mondiale, il est primordial de parler de la C.N.E -comité national des écrivains- organe de la résistance littéraire. Celle-ci fut Créée sur l'instance du parti communiste en 1941 par Jacques Decour et Jean Pauhlan (voir I) c)). En 1944, le CNE diffusa une liste noire des écrivains "collaborateurs", exigeant que le gouvernement provisoire dirigé par le général de Gaulle entame des poursuites à la libération. Ce fut effectivement le cas : plusieurs journalistes et écrivains désignés par le CNE furent exécutés, l’affaire la plus célèbre étant celle de Robert Brassillach. Les autres écrivains cités dans la liste furent pour la plupart emprisonnés et dans tous les cas frappés d'une interdiction de publier.
La
même année une maison d’édition française « Les éditions
de minuit » voit le jour à l'initiative de Pierre de Lescure
(écrivain et éditeur) et de Jean Bruller (écrivain) connu sous le
pseudonyme de Vercors. Cette importante entreprise éditoriale
continua à faire vivre la littérature française en publiant de
nombreuses œuvres malgré les innombrables contraintes de
l'occupation.
En France, ses échos se démultiplient grâce à la presse résistante qui signale ses publications et en reproduit des extraits. Ses principaux sujets de publication sont les récits des vies, des gestes, des attitudes qui témoignent de comportements de refus et de dignité. Comme ce premier livre publié : « le silence de la mer » écrit par Vercors qui s'inspire de faits réels ayant lui même accueilli chez lui un officier allemand attaché à la France. Dans un premier temps, Jean Bruller s'imposa un silence artistique comme forme de résistance mais qui devint rapidement active quand il se plongea dans la lutte littéraire clandestine.
En France, ses échos se démultiplient grâce à la presse résistante qui signale ses publications et en reproduit des extraits. Ses principaux sujets de publication sont les récits des vies, des gestes, des attitudes qui témoignent de comportements de refus et de dignité. Comme ce premier livre publié : « le silence de la mer » écrit par Vercors qui s'inspire de faits réels ayant lui même accueilli chez lui un officier allemand attaché à la France. Dans un premier temps, Jean Bruller s'imposa un silence artistique comme forme de résistance mais qui devint rapidement active quand il se plongea dans la lutte littéraire clandestine.
-Comment
résister quand on est écrivain ?
-Par
le silence, un silence méprisant
-Vercors
-Vercors
Jean Bruller dit « Vercors »6 Plaque à la mémoire de Jean Bruller, située sur la passerelle des Arts,Paris VIe7
Ces
éditions ont fonctionné jusqu'à la Libération, publiant 25 œuvres
d'écrivains de la Résistance contournant ainsi la censure et la
propagande de Vichy. Plus neutres politiquement que Pensée
Libre
(démantelée par les Allemands), les éditions de minuit étaient
ouvertes aux auteurs gaullistes et communistes.
Ces
organisations clandestines permirent la publication de nombreuses
œuvres littéraires dont le but de leurs auteurs était de dénoncer,
contester, de divulguer des vérités cachées ou encore de tenter de
soulever la population.
La poésie:
Plusieurs poètes
décidèrent de résister en publiant des œuvres susceptibles de les
faire arrêter. Ce fut le cas de Jean Cassou, condamné à un an de
prison par le Tribunal militaire de Toulouse alors que Les éditions
de minuit venaient de publier ses « 33 sonnets composés au
secret » qu'il écrit en 1944 alors qu'il avait déjà été
arrêté par le régime de Vichy pour acte de résistance. .
"Résister !
C’est le cri qui sort de votre cœur à tous, dans la détresse où
vous a laissé le désastre de la Patrie. C’est le cri de vous tous
qui ne vous résignez pas, de vous tous qui voulez faire votre
devoir."
Extrait
du sonnet n 6
Ces
simples vers expriment toute la « détresse » de l'auteur
qui cherche à inculper de l'espoir à toute une population
désespérée en rappelant le devoir de chacun qui est de
« résister ! ».
Le
combat des poètes ne concerne pas seulement la France mais toute
l'Europe et notamment l'Italie. En effet, La
Résistance Italienne durant la Seconde Guerre mondiale apparaît en
1943 avec la chute du régime fasciste. Pour de nombreuses personnes,
elle est cependant la poursuite de la lutte menée depuis 1922 contre
le régime de Benito Mussolini arrivé au pouvoir cette même année.
Ce fut le cas de Gatto Alphonso qui par ses
ardentes prises de position polémiques, comme écrivain, peintre ou
critique, se manifeste un engagement concret qui se réalise dans sa
participation directe à la Résistance.
Il est considéré par ses pairs comme l'un des plus brillants auteurs de l'« hermétisme » (un style poétique italien de la première moitié du XXe siècle dans lequel les auteurs utilisent des analogies pour représenter la condition tragique de l'existence humaine, et pour se créer un espace intérieur libéré de la rhétorique fasciste). Il écrit en 1947 un recueil de poésie Il capo sulla neve ( la tête sous la neige) en utilisant des mots émouvants pour les « Martyrs de la résistance »
Il est considéré par ses pairs comme l'un des plus brillants auteurs de l'« hermétisme » (un style poétique italien de la première moitié du XXe siècle dans lequel les auteurs utilisent des analogies pour représenter la condition tragique de l'existence humaine, et pour se créer un espace intérieur libéré de la rhétorique fasciste). Il écrit en 1947 un recueil de poésie Il capo sulla neve ( la tête sous la neige) en utilisant des mots émouvants pour les « Martyrs de la résistance »
Per
i compagni fucilati in piazzale Loreto ( Pour les camarades fusillés
sur la place Loreto)
Et
elle était l'aube, ensuite tout fut arrêté la ville, le ciel, le
souffle du jour.
Ils
restèrent les bourreaux seulement vivants devant les morts.
Ère
silence, l'hurlement du matin, silence le ciel blessé :
silence
de maisons, de Milan.
Ils
restèrent des brutes même de seules, souilles de lumière et l'un
aux autre odieux, les assassinats vendus à la peur.
Elle
était l'aube, et où il fut travail, là où la place était la joie
allumée de la ville migre à ses lumières de soir à soir, là où
le même grince du tram était salue au jour, au frais visage des
vivants, ils voulurent massacre pour que Milan avait à son seuil
confondis tous dans un même sang ses fils promis et vieux coeur fort
et réveille étroit comme un poing.
J'eus
mon coeur et même votre coeur le coeur de ma mère
La chanson:
Alors
que des musiciens et des poètes mènent un combat non-violent contre
l’Allemagne nazi, la chanson reste un moyen efficace pour exposer
et propager ses idées. En effet,
La
Seconde Guerre Mondiale a été le dernier grand thème d'inspiration
des chansons en breton sur feuilles volantes avant qu'elles ne
disparaissent.
Alors qu'avant guerre, elles semblaient appartenir déjà au passé, elles ont comblé, en partie et pour un temps, le besoin des bretons " d'en bas " de témoigner dans leur langue de ce qu'ils avaient vécu au lendemain de cinq ans de guerre. Environ une trentaine de chanson ont été trouvé et publiée, la plupart à la libération de la Bretagne et certaine avant même la fin de la guerre en Europe tandis que d'autres sont restées dans l'oralité. Les principaux sujets de ces chansons populaires sont la défaite, les prisonniers, les restrictions et la guerre au quotidien.
Alors qu'avant guerre, elles semblaient appartenir déjà au passé, elles ont comblé, en partie et pour un temps, le besoin des bretons " d'en bas " de témoigner dans leur langue de ce qu'ils avaient vécu au lendemain de cinq ans de guerre. Environ une trentaine de chanson ont été trouvé et publiée, la plupart à la libération de la Bretagne et certaine avant même la fin de la guerre en Europe tandis que d'autres sont restées dans l'oralité. Les principaux sujets de ces chansons populaires sont la défaite, les prisonniers, les restrictions et la guerre au quotidien.
Voici
quelques extraits9 :
"
Boch Kapout ! " par Ifik Moal, de St Pol de Léon (>1944).
An
Almanted, tud diboell ../.. Leun o fenn gant avel
A
zonjas eo ar brezel ../.. Rafe d'o bro sevel.
Les
allemands, gens aberrants, du vent plein la tête
Pensaient que la
guerre ferait grandir leur pays
"
Chanson nevez vit diskleria tourment vras omp bro " Chanson
nouvelle pour montrer le grand tourment de notre pays " par Yves
Cesson (>1944).
Bean
oa ive barz in Franz kalz eus ar pennou bras
Deva
hoant da lakaat ho bro arre in esclavaj.
Il
y avait aussi en France beaucoup de gros bonnets
Ils avaient envie
de mettre de nouveau notre pays en esclavage.
"
Soudarded an Diaoul " " Les soldats du Diable " par I.
Moal (1945).
Tadou
koz, merc'het ive bugale ../.. Zo bet c'hoaz fusiliet
Lakeat
o deus skuilla mareat daelou ../.. A distrujet kalz a familiou.
Des
grand-pères, des filles aussi, des enfants ../.. Ont été
fusillés
Ils ont fait couler des flots de larmes ../.. Et détruit
beaucoup de familles.
"
Butun er marc'h du ", " Le tabac du marché noir " par
R. Le Gac (>1944).
La
chanson met en scène un paysan à la recherche de tabac et un
ouvrier de la Manufacture de Morlaix.
Titres
de chansons bretonnes
Encore
une fois, la résistance par la chanson existe également en Italie
avec des mélodies aujourd'hui devenu célèbres. Tout d'abord « il
fscia il vento » ( siffle le vent ) est une chanson
populaire écrite sur un thème russe pendant la Résistance en 1943
par Felice Cascione, un parolier soutenant la cause antifasciste.
Voici
un extrait du texte puis la chanson :
Fischia
il vento, urla la bufera,
scarpe
rotte eppur bisogna andar,
a
conquistare la rossa primavera
dove
sorge il sol dell'avvenir.
Se
ci coglie la crudele morte
dura
vendetta verrà dal partigian,
ormai
sicura è già la dura sorte
del
fascista vile e traditor.
Ormai
sicura è già la dura sorte
del
fascista vile e traditor.
|
Siffle
le vent, hurle la tempête,
Souliers
cassés et pourtant il faut continuer
Pour
conquérir le printemps rouge
Où
se lève le soleil de l'avenir
Si
la mort cruelle nous surprend
Dure
sera la vengeance du partisan
Il
est déjà tracé le destin fatal
Du
fasciste, lâche et traître.
Il
est déjà tracé le destin fatal
Du
fasciste, lâche et traître.
|
On discerne bien avec la force de ces mots révolutionnaires qui attaque directement le fasciste qualifié de lâche et de traître, le combat mené par l'auteur qui se veut toucher la population et l'espoir de voir la fin de la guerre : « avenir »,« vengeance », « destin fatal du fasciste ». Bien que celle-ci soit préférée par la résistance italienne, jugé trop communiste elle fut rejeté et c'est Bella Ciao qui fut choisi comme hymne de résistance.
Bien
que représentant un nombre très restreint parmi les résistants,
quelques musiciens, poètes ou écrivains ont fait le choix de
combattre avec leurs arts et leurs mots, au péril de leur vie avec
pour seul et même but de retrouver enfin leur liberté.
1
Le Conseil national de la Résistance était l'organe qui
dirigea et coordonna les différents mouvements de la Résistance
intérieure française pendant
la Seconde guerre mondiale
.2 Jean Moulin (1899-1943) haut fonctionnaire et résistant emblématique de la Seconde guerre mondiale , créateur du CNR.
3compositrice française née à paris en 1910 et décédée à Strasbourg en 1999. En 1941, elle s'engage dans la résistance en fondant le front national des musiciens et publie à partir d’avril 1942 sa propre revue clandestine, Musiciens d'aujourd'hui.
4Chef d'orchestre et compositeur français né à Vichy en 1898 et mort à Paris en 1963.Pendant l'occupation il est membre du mouvement de résistance « le front national des résistants » ( sans aucun rapport avec l'actuel parti politique)
5http://www.thyssens.com/06docu/listes_noires.php
6http://www.etudesdromoises.com/pages/pages_revue/resumes_d_articles/jean_bruller.htm
7http://museedelaresistanceenligne.org/media4913-Plaque-A
8http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/gatto/gatto.html
9http://follenn.chez.com/sgm.html
.2 Jean Moulin (1899-1943) haut fonctionnaire et résistant emblématique de la Seconde guerre mondiale , créateur du CNR.
3compositrice française née à paris en 1910 et décédée à Strasbourg en 1999. En 1941, elle s'engage dans la résistance en fondant le front national des musiciens et publie à partir d’avril 1942 sa propre revue clandestine, Musiciens d'aujourd'hui.
4Chef d'orchestre et compositeur français né à Vichy en 1898 et mort à Paris en 1963.Pendant l'occupation il est membre du mouvement de résistance « le front national des résistants » ( sans aucun rapport avec l'actuel parti politique)
5http://www.thyssens.com/06docu/listes_noires.php
6http://www.etudesdromoises.com/pages/pages_revue/resumes_d_articles/jean_bruller.htm
7http://museedelaresistanceenligne.org/media4913-Plaque-A
8http://www.espritsnomades.com/sitelitterature/gatto/gatto.html
9http://follenn.chez.com/sgm.html
B) L’art pour soutenir
Durant la seconde guerre
mondiale, l’art, sous toutes ses formes, a pris une place importante au sein de
la résistance. Pendant la résistance, l’art comme les chansons, la musique ou bien encore la
poésie, est un support universel et un très bon moyen de propagation des idées
en France et à l’international.
Elle a plusieurs objectifs, que ce soit pour jouer un rôle de soutien, notamment auprès des familles des victimes ou bien même de faire passer un message à la population concernée pour tenter de rester soudé. Ce soutien se manifeste sous différentes formes selon les périodes, soit par la nostalgie, ou la mise à l’honneur du courage des combattants ou en diffusant des messages d’espoirs.
Elle a plusieurs objectifs, que ce soit pour jouer un rôle de soutien, notamment auprès des familles des victimes ou bien même de faire passer un message à la population concernée pour tenter de rester soudé. Ce soutien se manifeste sous différentes formes selon les périodes, soit par la nostalgie, ou la mise à l’honneur du courage des combattants ou en diffusant des messages d’espoirs.
La poésie, grâce au langage poétique que le poète adopte, permet une
efficace diffusion du message car tout comme une chanson, un poème peut être
facilement repris pour se donner du courage. Louis Aragon, écrivain et poète
engagé né en 1897 est également connu pour le soutien qu’il a apporté au Parti
Communiste Français. Il est aussi un membre de la CNE (Comité National des
Ecrivains) qui est une organisation de résistance littéraire qui a pour but de
diffusé la liste noire des écrivains collaborateurs (voir partie a).
C’est en 1942 qu’Aragon écrit le poème Richard Cœur de Lion qui fait partie de son célèbre recueil Les Yeux d’Elsa. Lorsqu’Aragon écrit ce poème il est emprisonné à Tours pour avoir tenté de franchir la ligne de démarcation. Ce titre se réfère au nom d’un roi d’Angleterre qui lui aussi fut emprisonné durant la guerre de cent ans. Il fut libéré grâce à un troubadour qui lui entonna une chanson que le roi lui-même connaissait, pour lui avertir que quelque chose allait se produire, son évasion était proche.
C’est en 1942 qu’Aragon écrit le poème Richard Cœur de Lion qui fait partie de son célèbre recueil Les Yeux d’Elsa. Lorsqu’Aragon écrit ce poème il est emprisonné à Tours pour avoir tenté de franchir la ligne de démarcation. Ce titre se réfère au nom d’un roi d’Angleterre qui lui aussi fut emprisonné durant la guerre de cent ans. Il fut libéré grâce à un troubadour qui lui entonna une chanson que le roi lui-même connaissait, pour lui avertir que quelque chose allait se produire, son évasion était proche.
Le poème d’Aragon peut se diviser en deux parties, la première qui a une
vision pessimiste, sombre et une deuxième avec un tout autre regard
c’est-à-dire beaucoup plus positif. La transition entre ses deux points de vue est
un extrait composé de quatre vers qui sont les suivants :
« Ils sont la force et nous sommes le
nombre
Vous qui souffrez nous nous reconnaissons On aura beau rendre la nuit plus sombre Un prisonnier peut faire une chanson »
Dans le premier vers de cet extrait, le « nous » désigne l’unité, le soutien. Ce vers a pour message de redonner espoirs aux résistants. Ce vers illustre aussi un combat qui n’est pas vain, il y a des chances de victoire, mais pour que cela se produise, il faut que la population reste soudé. Dans le dernier vers de cet extrait s’y trouve le mot « prisonnier », que l’on peut rapporter comme étant la France qui est elle-même prise au piège par les ennemis.
Dans ce poème, deux vers énumères des classes sociales, « bergers », « savants ». Qu’elles soient plus modestes ou bien plus élevées. Puis dans le vers suivant, il conclut cette énumération avec « Tous les Français ». Sur ces mots, il appelle à l’union et à se soutenir les uns les autres.
Autre poète emblématique de la Résistance, Robert Desnos délivre à sa
façon un message d’espoir avec son poème La Voix.[1]
La Voix
Une voix, une voix qui vient de si loin
Qu'elle ne fait plus tinter les oreilles,
Une voix, comme un tambour, voilée
Parvient pourtant, distinctement, jusqu'à nous.
Bien qu'elle semble sortir d'un tombeau
Elle ne parle que d'été et de printemps.
Elle emplit le corps de joie,
Elle allume aux lèvres le sourire.
Je l'écoute. Ce n'est qu'une voix humaine
Qui traverse les fracas de la vie et des batailles,
L'écroulement du tonnerre et le murmure des bavardages.
Et vous ? Ne l'entendez-vous
pas ?
Elle dit "La peine sera de courte durée"
Elle dit "La belle saison est proche."
Ne l'entendez-vous pas ?
Robert Desnos - Contrée (1936-1940)
2 Ci-dessus
se trouve un poème de Robert Desnos. Cette œuvre est tirée de son recueil de
poèmes Contrée est écrit entre 1942 et 1943. Desnos est un poète français né en
1900 à Paris. Vers les années 1940, sa lutte devient clandestine. Il écrit
plusieurs poèmes, dont un en argot visant violement le général Pétain. Il
choisit l’argot car les allemands ne pouvaient le comprendre. Il poursuit son combat
contre le nazisme, sous des formes variées :
"Ce n’est pas la poésie qui doit
être libre, c’est le poète." Robert
Desnos
En 1944, il est
arrêté par la gestapo. Il va d’abord en prison, puis est embarqué nombres de
fois entre différents camps de concentration. C’est le 8 juin 1945 qu’il meurt
du typhus dans le camp de concentration de Theresienstadt en
Tchécoslovaquie.
Ce
poème s’adresse directement aux destinataires avec l’emploi du « vous ». On peut imaginer que
La Voix est la voix de la résistance qui envoie un message d’espoir, de soutien
en clôturant son poème par la métaphore « La
belle saison est proche ». Le champ lexical du bonheur y est présent
avec les mots « joie »,
« sourire » puis une
simplicité enfantine dans la compréhension de par sa grammaire.
Dans un
registre plus populaire des artistes passaient des messages de soutien via des
chansons.
Par exemple c’est
en 1942, que Charles Trenet écrit Douce France aux moments les plus
obscurs de l’occupation. Surnommé « le fou chantant », Charles Trenet
n’a que 30 ans mais est déjà un artiste influent quand la seconde guerre
mondiale éclate.
Il est connu essentiellement à cette époque comme acteur. Dans sa chanson Douce France, Trenet apporte un soutien moral aux prisonniers de guerre et aux travailleurs du STO (Service Travail Obligatoire). La population la reprend aussitôt comme hymne d’une sorte de résistance passive. Le titre de cette chanson fait référence à un lieu commun (cliché) sur la France qui fit son apparition vers 1080 dans « La chanson de Roland ». Douce France, est construite sur des accents de nostalgie et est avant toute chose une chanson à caractère sentimental.
Il est connu essentiellement à cette époque comme acteur. Dans sa chanson Douce France, Trenet apporte un soutien moral aux prisonniers de guerre et aux travailleurs du STO (Service Travail Obligatoire). La population la reprend aussitôt comme hymne d’une sorte de résistance passive. Le titre de cette chanson fait référence à un lieu commun (cliché) sur la France qui fit son apparition vers 1080 dans « La chanson de Roland ». Douce France, est construite sur des accents de nostalgie et est avant toute chose une chanson à caractère sentimental.
C’est une déclaration d’amour
à la France éternelle :
« Oui je t’aime
Dans
la joie ou la douleur »
S’appuyant sur ses propres souvenirs d’enfances :
« Il revient à ma mémoire
Des souvenirs
familiers Je revois ma blouse noire
Lorsque
j’étais écolier »
Il utilise également les pronoms possessifs « mon », « ma » à plusieurs reprises pour la
description de son souvenir. Ce procédé permet une réappropriation de son pays
d’avant-guerre.
A la libération, Douce France
entre parmi les grandes chansons du patrimoine national et reste encore
aujourd’hui, l’un de ses plus grand succès emblématiques de ce chanteur.
Autre soutien moral apporté aux Français, la radio de Londres.
A l’époque de la France occupée, il n’y a que deux radios, France-Vichy
qui est la radio du gouvernement de Pétain et une radio allemande. Ces deux
radios ne sont que propagande et il est strictement interdit d’écouter la radio
de Londres (BBC) qui est considéré comme un outil de la résistance. Grâce à des
diffusions d’informations comme « Honneur et Patrie » avec la voix du
Général de Gaulle, la BBC est un soutien moral apporté aux français malgré l’interdiction
formel de l’écouter.
Cette radio a permis la diffusion d’un des chants les plus symboliques
de la période de la résistance. La Complainte du Partisan dont les
paroles sont imaginées par Emmanuel d’Astier de la Vigerie et mis en musique
par Anna Marly. Anna Marly, surnommée «troubadour de la Résistance », est compositrice
de deux chansons symbole de la Résistance, La Complainte du partisan et Le
Chant des Partisans. Pendant l’hiver de 1943, Anna Marly fredonne ce qui
deviendra par la suite La Complainte du Partisan :
«C’était quelque chose de nostalgique,
qui m’est venu en pensant à la France » Anna Marly.
L’auteur de la chanson, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, est journaliste
et résistant de la première heure. Il crée un mouvement appelé
« Libération du sud » et dirige un journal de résistance intitulé
« Libération ». Il jouera par la suite un rôle clé dans la libération
de la France.
La complainte du partisan s’appuie sur le quotidien du résistant s’engageant parfois seul. On se
met à la place d’un partisan, pour faire honneur à ses choix douloureux, ses
combats et ses malheurs. Ce chant met en avant le courage du partisan :
« Les All’mands étaient chez moi
on m'a dit : Résigne toi !
Mais je n’ai pas pu
Mais je n’ai pas pu
Et
j’ai repris mon arme. »
Mais aussi la solidarité des français entre eux :
« J’ai perdu femme et enfant
Mais j’ai
tant d’amis
Et j’ai la France entière. »
Malgré un texte sombre, des touches de soutien et d’espoir viennent
finir cette complainte avec la phrase :
« Et la liberté reviendra »
Aujourd’hui encore Anna Marly figure de la Résistance a été représenté
par deux de ses airs, La Complainte du Partisan mais aussi Le Chant
des Partisans lors de la cérémonie d’entrée au Panthéon de quatre grands
résistants, le 27 mai 2015. La complainte du partisan a été sifflée comme un
symbole. En effet la diffusion de cette chanson par la radio de Londres se fait
de manière peut commune c’est-à-dire en sifflant, afin de contourner le
brouillage des ondes par les allemands. Ainsi, toute la France occupée peut en
reprendre le refrain.
Parmi les chansons populaires durant la période de la résistance il y a
aussi Ceux du Maquis en 1944. Le terme maquis peut se référer à un
groupe de résistants intérieurs ou bien le lieu où ils opéraient. Cette chanson
fut écrite suite à une victoire en août 1944 dans l’Oisans qui opposait un
groupe de résistants aux hommes de la 157ème division de réserve. Cette chanson
est par déduction un chant de victoire :
« C’est le jour du débarquement
Qui leur porte la victoire
Ils
ont frappé les allemands
En plein jour en pleine gloire »
Ce chant possède de nombreux mots de soutiens tels que « courage »,
« bravant », « victoire » ou encore le mot « gloire ». Cette chanson
s’adresse avant toutes choses de par son intitulé directement aux maquis avec
le pronom démonstratif « ceux »
mais aussi à toute personne ayant écouté ou bien lu ce chant.
Ainsi, la portée des messages quelques soit le support que les auteurs,
engagés ou non, ont adoptés reste de manière générale, universelle. Ces
messages porteurs d’espoir et valorisant les efforts de résistance ont joué un
rôle fondamental de soutien auprès de la population civile ou militaire pendant
les heures sombres de la guerre.
[1] http://bacdefrancais.net/voix.php
[2] http://www.gallimard.fr/Catalogue/GALLIMARD/Poesie-Gallimard/Contree-suivi-de-Calixto
C)
L'Art une façon de rester libre
Poètes
en résistance:
Entre
1940 et 1945 la censure est très présente en France. Il s'agit de
la combattre ou du moins de la contourner, mais de manière discrète
et légale, et notamment grâce à la « poésie de contrebande ».
Celle-ci, définie par Louis Aragon, et désignée comme une arme car
elle contient des allusions politiques.
On pense par exemple au poème
résistant Liberté de
Paul Eluard.1
Paul
Eluard est un pacifiste, dégoûté de la guerre après avoir été
au front durant la Première Guerre mondiale : en combattant la mort
et les atrocités liées à cette dernière, il cherche à donner un
sens à sa vie. Durant l’occupation nazie, il fait partie de ceux
qui ne se résignent pas, qui n’acceptent pas l'horreur. Paul
Éluard est un poète qui donne espoir aux français. Il est
considéré comme l'un des plus grands poètes de la Résistance. Sa
lutte est toute aussi constante que sa poésie.
Selon Éluard, la poésie est une entreprise de désaliénation. La poésie en devient donc « un art de langage, un art de vie, un instrument moral ». Il participe à la littérature clandestine de la CNE (voir I) a) ) dans la zone nord. Après la publication de son recueil Poésie et Vérité Eluard se cache dans un hôpital psychiatrique en Lozère et continue de publier jusqu'à la libération de la France en 1945.
Selon Éluard, la poésie est une entreprise de désaliénation. La poésie en devient donc « un art de langage, un art de vie, un instrument moral ». Il participe à la littérature clandestine de la CNE (voir I) a) ) dans la zone nord. Après la publication de son recueil Poésie et Vérité Eluard se cache dans un hôpital psychiatrique en Lozère et continue de publier jusqu'à la libération de la France en 1945.
Ecrit au départ pour la femme qu'il aimait, le poème d'Eluard paraît en juin 1942 sous le titre Une seule pensée, parvenant ainsi à contrecarrer la censure vichyste. Liberté est ensuite republié en 1942 sous son titre actuel et est parachuté dans toute la France en milliers d'exemplaires. Le poème provient du recueil Poésie et Vérité, publié la même année et composé de poèmes de lutte, en mémoire des combattants et pour entretenir l'espérance de la victoire.
Ce
poème est un hymne à la vie et à l'amour. La liberté est présente
dans des lieux réels : « sur mes cahiers d'écoliers » v
1 et dans des lieux imaginaires « sur les images dorées »
v 9. Il y a également un équivoque car le poème est au départ
écrit pour la bien-aimée de Paul Eluard et est finalement un des
messages de liberté les plus percutants de la Seconde Guerre
mondiale. En effet, le poème insiste sur la phrase « J'écris
ton nom », qui revient à chaque strophe (anaphore), ce qui le
rend marquant et plus facile à apprendre : comme une chanson.
Un
autre pacifiste est poète de la Résistance : Robert Desnos.
Robert
Desnos est un épris de liberté qui renonce cependant à ses idées
pacifistes après la guerre d'Espagne : selon lui, la France
doit faire la guerre pour résister au fascisme. Dès juillet 1942,
Desnos devient actif au sein d'un réseau de résistance nommé
« Agir ». Le 14 juillet 1943, est publié dans le recueil
L'Honneur des poètes
son poème célèbre Ce
cœur qui haissait la guerre
signé sous le pseudonyme Pierre Andier (ce dernier était un auteur
qui a été déporté).
Ce cœur qui
haïssait la guerre…
Ce
cœur qui haïssait la guerre voilà qu’il bat pour le combat et la
bataille !
Ce cœur qui ne battait qu’au rythme des marées, à
celui des saisons, à celui des heures du jour et de la nuit,
Voilà
qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant
de salpêtre et de haine.
Et qu’il mène un tel bruit dans la
cervelle que les oreilles en sifflent,
Et qu’il n’est pas
possible que ce bruit ne se répande pas dans la ville et la
campagne,
Comme le son d’une cloche appelant à l’émeute et
au combat.
Écoutez, je l’entends qui me revient renvoyé par
les échos.
Mais non, c’est le bruit d’autres cœurs, de
millions d’autres cœurs battant comme le mien à travers la
France.
Ils battent au même rythme pour la même besogne tous ces
cœurs,
Leur bruit est celui de la mer à l’assaut des
falaises
Et tout ce sang porte dans des millions de cervelles un
même mot d’ordre :
Révolte contre Hitler et mort à ses
partisans !
Pourtant ce cœur haïssait la guerre et battait au
rythme des saisons,
Mais un seul mot : Liberté a suffi à
réveiller les vieilles colères
Et des millions de Français se
préparent dans l’ombre à la besogne que l’aube proche leur
imposera.
Car ces cœurs qui haïssaient la guerre battaient pour
la liberté au rythme même des saisons et des marées,
du jour et
de la nuit.
Robert
Desnos,
1943 (paru dans L’Honneur
des poètes,
édité
aux Editions
de minuit, voir
I) a) )
On
remarque que le mot « cœur » revient fréquemment dans le poème.
Il désigne à la fois le cœur biologique, notamment lorsque Desnos
déclare « Voilà
qu’il se gonfle et qu’il envoie dans les veines un sang brûlant
» mais aussi le cœur poétique : il est l'organe qui insufle de la
vie dans le poème. L'élan vital du poème est retrouvé dans la
manière dont il est construit : son rythme évoque les battements du
cœur. Le cœur devient donc dans le poème de Desnos, une allégorie
de la poésie résistante. Ce
cœur qui haissait la guerre
est un poème engagé. Il y a un paradoxe entre les idées pacifistes
de Desnos et le message du poème : en effet, celui-ci est épris de
justice ainsi que de liberté et selon lui, il faut combattre pour
les obtenir.
René
Char (1907-1988) s'engage dans la résistance en 1940 sous le nom de
capitaine Alexandre. On le dit épris de liberté et très impliqué
à la fois politiquement et historiquement. Il refuse de publier
pendant l'occupation mais écrit des notes dispersées et des bribes
de récits qui sont réunis dans Les Feuillets d'Hypnos, un
témoignage de la résistance et un portrait du résistant lui-même.
Lecture
du fragment « 128 » des Feuillets d'Hypnos par
Jean Vilar :
Liberté
dite liberté de la presse. L'art et la littérature sont aussi
présents dans la presse clandestine.
Les
écrivains français sont, pendant la période 1940-1945, victimes de
la répression.
Jacques
Decour :
Daniel
Decourdemanche (de son vrai nom) est le plus jeune rédacteur de la
NRF, Nouvelle Revue Française, et l'un des premiers à rédiger un
roman sur la montée du nazisme : Philisterburg
en 1932.
Hélas
son œuvre n'empêche pas l'arrivée d'Hitler au pouvoir et ainsi
fonde en octobre 1940 L'université
libre, puis La
pensée libre en
février 1941 en collaboration avec Georges Politzer (philosophe) et
Jacques Solomon (physicien).
Puis
en 1942 il conçoit avec Jean Paulhan le premier journal clandestin
littéraire : Les lettres françaises. Ce journal réunit le travail
d'auteurs résistants comme Blanzat,
Martin Chauffier, Éluard, Guehenno, et Paulhan. Malheureusement
Decour est arrêté par la milice avant de pouvoir publier et le
premier numéro des Lettres
françaises
est détruit.
«Je
me considère un peu comme une feuille qui tombe de l'arbre pour
faire du terreau. La qualité du terreau dépendra de celle des
feuilles. Je veux parler de la jeunesse française»
Extrait
de la lettre d'adieu de Jacques Decour.
Malgré
l'arrestation et la mort de Decour, la publication des Lettres
françaises
a quand même lieu fin 1942, notamment grâce à Jean Paulhan. Ce
dernier joue un rôle important : les principaux choix éditoriaux à
Paris dépendent de lui. Il est directeur de Gallimard et l'un des
inventeurs de de la presse littéraire résistante (nb : Les
lettres françaises).
Il est un moteur de la résistance littéraire entre 1940 et 1944,
Malraux dit de lui qu'il « est la Résistance ».
(1er numéro des Lettres
françaises publié le 1er septembre 1942)
Il
y a sa propre liberté mais aussi celle des autres.
Marianne
Cohn (1922-1944) , alias Colin, est une allemande qui entre en
résistance en 1941. D'origine juive, cette dernière a pour tâche
de faire passer des enfants juifs vers la Suisse. En 1943, Colin est
faite prisonnière pendant 3 mois. On soupçonne qu'elle a écrit son
poème Je trahirai demain durant cette période. Elle est
arrêtée en 1944 lors d'un chargement d'enfants (une trentaine)
probablement après avoir été dénoncée. Mme Cohn ne dévoile rien
malgré la torture, à l'image de son poème lorsqu'elle dit :
«
Je trahirai demain pas aujourd’hui.
Aujourd’hui,
arrachez-moi les ongles,
Je
ne trahirai pas. »
Elle
est finalement assassinée par la Gestapo à l'âge de 22 ans.
La
musique, une forme de liberté:
Claude
Delvincourt (1888-1954) est le directeur du conservatoire de Paris de
1941 jusqu'à sa mort. Pendant l'Occupation, il participe au Front
National des musiciens (voir I) a) ) et il forme l'orchestre des
Cadets du Conservatoire avec des élèves soustraits aux S.T.O
: ainsi, il arrive à convaincre les autorités allemandes que les
musiciens s'acquittent de leurs obligations. Cependant en 1944, la
ruse est découverte par les allemands et Delvincourt doit
disparaître tout en aidant ses élèves à entrer dans la
clandestinité. La dernière œuvre que ce dernier a composé se
nomme Quatuor à cordes.
Hymnes
de la Résistance
Chant
de la Libération ou Chant des partisans :
Composé
en 1941 sur un texte russe, la Marseillaise de la Résistance
(autre surnom) est due à Anna Marly, émigrée russe. Les
paroles sont ensuite traduites en français en 1943 par Joseph
Kessel, d'origine russe, et Maurice Druon : (strophe 1)
Ami,
entends-tu le vol noir des corbeaux sur nos plaines?
Ami,
entends-tu les cris sourds du pays qu´on enchaîne?
Ohé,
partisans, ouvriers et paysans, c´est l´alarme.
Ce
soir l´ennemi connaîtra le prix du sang et les larmes.
Montez
de la mine, descendez des collines, camarades !
Sortez
de la paille les fusils, la mitraille, les grenades.
Ohé,
les tueurs à la balle et au couteau, tuez vite!
Ohé,
saboteur, attention à ton fardeau : dynamite...
C´est
nous qui brisons les barreaux des prisons pour nos frères.
Au
début, le chant rappelle la situation désastreuse dans laquelle se
trouve la France pour finir sur un appel à la lutte : « montez de
la mine » v5 ou « tuez vite ! » v7. On remarque l'utilisation de
l'impératif. Cependant l'anaphore « Ami, entends-tu » aténue le
côté autoritaire de la chanson pour insister sur la nécessité
d'être entendu par un nombre plus important.
Le
Chant des partisans est considéré comme l'hymne français de
la Résistance pendant la Seconde Guerre mondiale est a été repris
par de nombreux chanteurs comme Joséphine Baker ou Mireille Mathieu.
Croix de Lorraine
Jean
Moulin (résistant)
Interprétation
du Chant des partisans, chanteuse inconnue :
Bella
Ciao :
A
l'origine, Bella Ciao est un chant de protestation des piqueuses de
riz, installées dans l'Italie du Nord, pour dénoncer leurs
conditions de travail. Pendant la Seconde Guerre mondiale, en 1943,
les paroles ont été modifiées pour faire de l'air initial un chant
de lutte contre le fascisme et qui se propagea dans toute l'Italie de
bouche à oreille.
Bella Ciao est un chant de révolte qui encourage l'engagement dans le combat mené par les partisans contre les troupes allemandes de la RSI (République Sociale Italienne) au cours de la Guerre civile. Depuis 1963, le chant est interprété partout dans le monde comme un hymne à la résistance.
Bella Ciao est un chant de révolte qui encourage l'engagement dans le combat mené par les partisans contre les troupes allemandes de la RSI (République Sociale Italienne) au cours de la Guerre civile. Depuis 1963, le chant est interprété partout dans le monde comme un hymne à la résistance.
Bella
ciao, traduit en français par:
Un
beau matin, je me suis levé,
O
bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao ciao,
Un
beau matin, je me suis levé,
Et
j’ai trouvé l’envahisseur.
O
partisan, emmène-moi loin d’ici,
O
bella ciao, bella ciao bella ciao, ciao ciao,
Et
si je meurs en partisan,
Tu
devras m’enterrer.
Tu
m’enterreras là haut dans la montagne,
O
bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao ciao,
Tu
m’enterreras là haut dans la montagne,
A
l’ombre d’une belle fleur.
O
bella ciao, bella ciao, bella ciao, ciao ciao,
Ca
c'est la fleur du partisan mort pour la liberté.
La
chanson commence avec l'objectif de dénoncer l'Italie fasciste sous
la dictature de Mussolini, puis très vite on comprend que le
personnage serait prêt à mourir pour que l'Italie retrouve sa
liberté.
Yves
Montand chantant Bella Ciao :
1Sources pour la biographie et l'analyse : ac-grenoble.fr , bacdefrançais.net/liberté.php ,
2
Source : eduscol.education.fr
II/
Dans les camps
A) Lutter
contre la déshumanisation
Auschwitz,
Sobibor, Buchenwald, trois noms qui résonnent dans les esprits parmi des dizaines d'autres camps de concentration
et d'extermination entrainant la mort de 550 000 personnes.
Impossible de se mettre à la place des victimes pour imaginer les
abominations qu'ils s'y passaient malgré les témoignages reçus des
survivants bien après la guerre. Relégués au rang d'animaux dans
des conditions effroyables certains artistes amateurs ou
professionnels ont pourtant trouvé la force de continuer à lutter
contre cette déshumanisation grâce à la musique ou aux mots qui
laissèrent des témoignages poignants.
La
poésie est un art omniprésent dans les camps. Même si les écrits
retrouvés sont pour la plupart des petites notes écrites sur des
bouts de papier subtilisés aux nazis, tous témoignent, plus que
d’une volonté de communication, d’une véritable volonté de
témoignages. Une fois de plus, ici, les conditions de réalisation
et de conservation de ces œuvres sont difficiles voir impossible.
Par ailleurs, encore aujourd’hui, ils sont d’une aide précieuse
aux historiens dans leur travail de reconstitution chronologique et
historique.
Ecrire
dans les camps relevait de l'exploit tant physique et matériel que
moral et intellectuel les tortionnaires bafouant tous les droits et toutes
les dignités associées à la condition humaine. En voici quelques
exemples :
Dora
:
Tel
du bétail,
Nous dormons dans des trous,
Pour nous, le soleil ne brille pas.
Pour nous aucune étoile ne s’allume.
Pour nous, il n’y a que des roches abruptes,
Des murs froids et morts.
Les machines à forer la montagne grondent sans répit.
C’est infernal.
Nous dormons dans des trous,
Pour nous, le soleil ne brille pas.
Pour nous aucune étoile ne s’allume.
Pour nous, il n’y a que des roches abruptes,
Des murs froids et morts.
Les machines à forer la montagne grondent sans répit.
C’est infernal.
L’air
est lourd.
Et, dans les ténèbres des galeries,
La poussière empoisonnée
Colle comme un meurtrier à nos talons,
Comme un couteau tranchant
Elle entaille nos poumons,
Enlève les couleurs de nos joues,
Brouille nos yeux
Et couvre nos vêtements et nos cheveux
D’un gris uniforme.
Et, dans les ténèbres des galeries,
La poussière empoisonnée
Colle comme un meurtrier à nos talons,
Comme un couteau tranchant
Elle entaille nos poumons,
Enlève les couleurs de nos joues,
Brouille nos yeux
Et couvre nos vêtements et nos cheveux
D’un gris uniforme.
Nous
n’avons pas le temps de nous plaindre
Encore moins d’enlever de nos yeux
Cette poussière collante. Nous ne sommes que des ombres,
Des silhouettes aux joues creuses
Qui vont au-devant de la mort dans les catacombes.
Le désespoir, l’angoisse
Rongent sans cesse nos cœurs comme des loups affamés.
Des prières expirent
Et se brisent sur les rochers insensibles.
Encore moins d’enlever de nos yeux
Cette poussière collante. Nous ne sommes que des ombres,
Des silhouettes aux joues creuses
Qui vont au-devant de la mort dans les catacombes.
Le désespoir, l’angoisse
Rongent sans cesse nos cœurs comme des loups affamés.
Des prières expirent
Et se brisent sur les rochers insensibles.
Stanislas
Radinecky
Ce
poème montre bien les conditions particulièrement dur des camps qui concentraient des êtres humains démunis, affamés
et désespérés. L'enfer de cette vie est mis en valeur par un
vocabulaire négatif et par l'omniprésence de la mort
« morts », « meurtrier ». Comparés à du
bétail, il perdent petit à petit leur humanité cernés par des
« loups affamés ».
Maurice
Honel est un homme politique français né le 24 mars 1903 à Paris
et décédé le 25 octobre 1977 à Paris. Résistant, il est arrêté
en 1943 et déporté à Auschwitz ou il écrit plusieurs poèmes dont
« La faim »
La
faim,
Le
pire, c'est la faim,
Avoir
faim, attendre la coulée chaude.
Le
pire, c'est le froid,
Le
froid quand on a faim,
Le
froid des affamés qui tendent l'écuelle
Attendant
tout du temps,
N'attendant
rien d'eux-mêmes.
Le
pire, c'est les coups,
Les
coups dans les reins.
C'est
aux reins que les genoux s'articulent.
Douleur
des coups, des corps sans genoux,
Douleur
aux reins après deux heures d'appel,
Coups
au réveil.
Le
pire c'est savoir
Qu'on
ne sait pas quand ça finira,
Au
matin de la libération
Où
chaque soir du désespoir.
Le
pire, c'est le voisin
Qui
tend sa face.
Et
sous nos yeux s'entrechoquent les dents.
Le
pire, c'est qu'on marche à reculons
Dans
des souliers pour
Géants,
Et
que la nature nous coupe l'appétit.
Et
nous faisons des pas petits petits
Comme
des enfants
Rêvant
d'espaces
Plus
grands
Le
pire, c'est le pyjama rayé
Pour
affronter la nuit polaire,
Et
tout ce que cette étoffe légère
Peut
garder des seaux d'eau
Printanière.
Le
pire, c'est d'être ici.
Le
pire, c'est d'y penser.
Le
pire, c'est d'écouter
Le
temps qui ne s'écoule pas.
Maurice
Honel, Auschwitz-Birkenau
Micheline Maurel (1916-2009).est professeur de lettres à Lyon en 1941-1942. Entrée dans la Résistance, elle fut arrêtée et déportée, en 1943, à Neubrandebourg, près de Ravensbrück. Elle y resta vingt mois. |
"Au
camp, j'écrivais des vers... Malgré leur maladresse, ils
exprimaient sous forme rythmée et rimée, ce que toutes les
prisonnières éprouvaient..."
Micheline
Maurel
Il
faudra que je me souvienne
Plus
tard, de ces horribles temps,
Froidement,
gravement, sans haine,
Mais
avec franchise pourtant.
De
ce triste et laid paysage
Du
vol incessant des corbeaux,
Des
longs blocks sur ce marécage,
Froids
et noirs comme des tombeaux.
De
ces femmes emmitouflées
De
vieux papiers et de chiffons,
De
ces pauvres jambes gelées
Qui
dansent dans l'appel trop long.
Des
batailles á coups de louche,
À
coups de seau, á coups de poing,
De
la crispation des bouches
Quand
la soupe n'arrive point.
De
ces "coupables" que l'on plonge
Dans
l'eau vaseuse des baquets
De
ces membres jaunis que rongent
De
larges ulcères plaqués.
De
cette toux á perdre haleine,
De
ce regard désespéré,
Tourné
vers la terre lointaine,
O
mon Dieu, faites-nous rentrer!...
Il
faudra que je me souvienne...
Micheline
maurel (Automne 1944)
Contrairement
aux autres formes de résistance artistique, la musique a été
relativement peu utilisée. Mais malgré les nombreuses difficultés,
la résistance musicale n’est pas un phénomène inexistant. En
effet, à défaut de jouer de la musique, certains déportés ont été
en mesure d’en écrire et d’en composer.
Germaine
Tillion (1907-2008) est ethnologue de formation. De retour en France
après une formation en Algérie au moment de l’armistice de 1940,
son premier acte de résistance est de donner les papiers de sa
famille à une famille juive qui sera ainsi protégée jusqu’à la
fin de la guerre.
Dénoncée, Germaine Tillion est arrêtée le 13
août 1942, et déportée le 21 octobre 1943 à Ravensbrück. Elle y
perd sa mère, grande résistante, déportée en 1944 et gazée en
mars 1945. Pendant son internement au camp, elle écrit sur un cahier
soigneusement caché, une opérette Le Verfügbar aux Enfers. Elle
décède le 19 avril 2008 à Saint-Mandé dans le Val-de-Marne.
Manuscrit
du Verfügbar aux Enfers, début du 1er acte. Dessin de France
Audoul, une codétenue. ( Exposition Quatre vies en résistance au
Panthéon, 2015, Centre des monuments nationaux).
« Verfügbar »
en allemand signifie détenu « disponible » et se
rapporte à des personnes qui n'étaient pas affectées à un Kommando
et qui se devaient donc d'effectuer les pires travaux au sein du camp.
Le titre fait également référence à « Orphée aux enfers »,
un opéra-bouffe, c’est-à-dire un opéra traitant d’un sujet
comique, créé en 1858, sur une musique d’Offenbach.
Si
ce titre fait référence à une œuvre comique, c’est que
l’opérette de Germaine Tillion, bien que traitant d’un sujet
dramatique, l’est également. En effet, elle décida de se servir
du rire comme moyen d’évasion de la condition de déportée.
Ainsi, chaque soir, elle lisait ce qu’elle avait écrit à ses
compagnes, que cela faisait rire, lui fournissant ainsi à nouveau de
la matière pour écrire le lendemain.
Cette
opérette est donc l’histoire de femmes dans un camp de
concentration qui décident de se moquer de leur condition et de leur
tortionnaire. Germaine Tillion a pour cela écrit des chansons à ses
personnages, sur des airs gais et entraînants de son époque. Le but
est de faire prendre conscience de leur situation à ses compagnes
tout en leur permettant de la voir à distance et de pouvoir
affronter leur enfermement avec détachement et humour. « Grâce
au rire, ils ne pourront pas nous déshumaniser complètement »,
dit-elle.
Œuvre
unique, « le Verfügbar aux Enfers » ne sera pourtant
publié pour la première fois qu’en 2005 et mis en scène au
théâtre du Chatelet qu’en 2007.
Extrait du Verfügbar aux enfers : "Sans y penser"
D'autre
compositeurs on pu continuer à composer dans les camps avec
l'objectif de laisser une trace en continuant à vivre en tant
qu'humain et artiste. C'est le cas d'Olivier Messiaen compositeur de
nationalité française né en 1908 et mort en 1992. Il est fait
prisonnier puis transféré au camp de concentration Stalag en
Pologne en 1940. C’est là, grâce à la complicité d’un
officier Allemand, qu'il composa et fit jouer avec des instruments de
fortune en plus ou moins bon état, une des oeuvres majeures de la
musique du XXème siècle « Le quatuor pour la fin du temps »
Le
quatuor pour la fin du temps est une oeuvre pour violon, clarinette,
piano et violoncelle. Selon Messiaen, le titre de l'oeuvre
fait référence à un ange de l’apocalypse dont celui-ci a
rêvé durant sa captivité. L’ange annonçait la fin du temps
c'est-à-dire la fin de la dimension humaine, l’entrée dans
l’éternité. « Lorsque j'étais prisonnier,
l'absence de nourriture me donnait des rêves colorés : je voyais
l'arc-en-ciel de l'Ange, et d'étranges tournoiements de couleurs »
disait Messiaen à propos de son quatuor.
Extrait
du quatuor pour la fin du temps : Danse de la fureur pour les
sept trompettes, sixième mouvement :
Le
15 janvier 1941, environ 400 prisonniers et gardes du camp de Stalag
sont rassemblés
pour
entendre la nouvelle œuvre puissante du prisonnier de guerre Olivier
Messiaen « Quatuor pour la fin des temps » joué par
Messiaen lui même au piano accompagné par
trois
camarades de prison : Henri Akoka à la clarinette, Jean Boulaire au
violon et Étienne Pasquier au violoncelle. Messiaen Dit de cette
première prestation, " Jamais une œuvre ne fut écoutée avec
une telle attention passionnée et une telle compréhension."1
Certains
musiciens comme présenté ci dessus continuèrent à composer dans
les camps mais d'autres ont pu continuer à faire vivre leur musique
par des rassemblements d'artistes et d'intellectuels dans les
ghetto-camps comme ce fut le cas à Terezin. Dans ce camps, une
vie artistique et musicale beaucoup plus conséquente que dans les
autres camps a été possible.
En
effet, de nombreux musiciens ont été dispensés de travail, ce qui
leur a permis de se consacrer davantage à la composition ou à
l’interprétation de répertoires variés ; ensuite, les activités
artistiques et culturelles, bien que soumises à la censure, ont
reçu, dès 1942, l’accord officiel des autorités nazies.
L’introduction de la musique s’est faite tout d’abord naturellement à Terezin, par l’intermédiaire des premiers déportés, envoyés pour transformer la citadelle en véritable camp. Clandestins durant les premiers mois , les concerts sont rapidement découverts par les nazis qui, au lieu de réprimer cette tentative de survie culturelle les tolèrent, considérant les artistes et leur public comme en état de sursis par rapport à la déportation et l’extermination future à Auschwitz. « La musique adoucit les moeurs » et l’esprit révolté : c’est dans cette idée que l’existence d’une vie musicale est ensuite conçue par les nazis.
L’introduction de la musique s’est faite tout d’abord naturellement à Terezin, par l’intermédiaire des premiers déportés, envoyés pour transformer la citadelle en véritable camp. Clandestins durant les premiers mois , les concerts sont rapidement découverts par les nazis qui, au lieu de réprimer cette tentative de survie culturelle les tolèrent, considérant les artistes et leur public comme en état de sursis par rapport à la déportation et l’extermination future à Auschwitz. « La musique adoucit les moeurs » et l’esprit révolté : c’est dans cette idée que l’existence d’une vie musicale est ensuite conçue par les nazis.
Enfin, avec la création officielle de la Freizeitgestaltung («
Administration des loisirs ») en 1942, toutes les activités
culturelles eurent l’approbation des Allemands, encore que,
parfois, elles aient été entravées par la censure nazie. Au-delà
de l’apparente liberté d’expression donnée aux prisonniers,
c’est toute une démarche de propagande pro-nazie qui se met
progressivement en place, les artistes juifs permettant, contre leur
gré, d’accréditer les affirmations sur la qualité de vie dans
les camps et il n'empêche que Terezin fut une antichambre
d'Auschwitz. En ce qui concerne la musique, des œuvres importantes
furent écrites dans l'urgence. Parmi ces œuvres on en trouva une
quinzaine écrites par Viktor Ulmann dont la plus célèbre est
L'Empereur d'Atlantis2,
puis des œuvres de Pavel Haas, Gideon Klein ou encore Hans Krasa.3
« J'ai
combattu, je combats contre l'oubli. C'est là notre devoir le plus
important, si nous voulons éviter à nos descendants de vivre ce que
nous avons vécu. »
inconnu
1http://classicalconditioningblog.tumblr.com/post/73466763769/on-january-15-1941-some-400-prisoners-and-guards
2Voir
II/ B
3Sources :
http://www.musicologie.org/publirem/petit_elise_musique_religion.html
Journal:Le Patriote
Résistant, Spécial Concours national de la Résistance et de la
Déportation 2015-2016
B) Fuir la
réalité
L’écriture pour les
prisonniers dans les camps, était un des rares moyens qu’ils ont trouvés pour
s’évader de toute cette horreur. Les souffrances étaient tellement présentes,
que l’écriture était un exutoire puissant, leur permettant de rester humains
bien qu’étant cerné de tant d’atrocité.
La poésie permet l’expression de vives émotions par la beauté du
langage.
Durant la période 1943-1945, Damien Sylvere, alors déporté
dans le camp de Buchenwald écrit Chanson d’automne.
Chanson d’Automne [1]
C’est
la chanson d’Automne, Un peu triste pourtant. Le temps fuit et nous donne, Le
regret du printemps ! Car sans répit il coule, Brassant les heures passées,
Comme le pas qui foule, Les feuilles entassées.
Avons-nous
su saisir, Des corolles fragiles : Le parfum, le plaisir, Comme l’abeille agile
? Peut-être reste-t-il Une goutte de miel, De ce doux mois d’avril
Où
nous combler le ciel ? Déjà la brise et fraîche, Et s’en va l’hirondelle !
L’herbe du square et sèche, Dégarnie la tonnelle. Et mon cœur douloureux, De
voir s’enfuir mon rêve, Songe à ces jours heureux, Aux extases si brèves !
Ce poème illustre l’évasion de
l’auteur dans la nostalgie de son passé et dans sa liberté révolue qui sont
représentés par le printemps. Il veut fuir cet enfer qu’il vit chaque jour,
enfer qui est définit par le mot « automne » qui est d’autant plus
fort car il se trouve dans l’intitulé de ce poème. Le poète fait aussi référence
à la fuite du temps au travers du cycle des saisons de la nature.
Autre poème nostalgique :
Le poème Trois Amis [2]
écrit en 1945 est l’œuvre de Serge Smulevic né en avril 1921 à Varsovie. Avec
sa famille, il arrive en France en 1923. En 1942, il entre dans la résistance
et est envoyé à Nice où il fabrique de faux papiers pour des enfants cachés. Suite
à sa dénonciation en 1943 de sa logeuse, il est embarqué vers le camp de
Drancy, puis plus tard à Auschwitz. C’est là que Serge Smulevic écrit donc son
poème Trois Amis.
Le poète raconte leurs passés dans leurs villes respectives :
« Paris, Kiev, Cracovie, »
Un passé qui est donc révolu mais heureux, pleins de bonheurs, illustrés
par des mots tels que « rêves »,
« amour » ou bien encore « bon
temps ».
Il parle de la ville de Cracovie comme étant une ville pleine
de vie avec le vers suivant :
« Cracovie, Craco… vie »
Il veut fuir l’horreur de la mort de ces amis en parlant de leurs villes
si belles, de leurs bonheurs qu’ils ont vécu dans ces villes et tout cela avec
nostalgie.
D’autres poèmes font
allusion à la nostalgie du passé en évoquant des souvenirs et des paysages
d’antant.
Rimes
Tandis qu’un noir
chagrin me mine
Je m’évade en
cherchant des rimes
Des sapins j’aperçois
la cime
Et revois un discours
intime,
Le vieux pin tordu par
le vent
Qui ombrageait comme un
auvent
La pelouse au soleil
couchant,
Le vieux mur qui s’en
va penchant
Vers la falaise
broussailleuse
Et la bise siffle
railleuse
Dans les ronces et les
ajoncs.
Ce
poème est écrit en 1945 à Ravensbrück par Denyse Clairouin. Résistante de la
première heure, elle est arrêtée par la gestapo en octobre 1943. Elle est
déportée le 15 mars 1944 à Ravensbrück et y meurt le 11 mars 1945 à l’âge de 45
ans.
Dans ce poème, elle tente de s’évader par l’écriture :
« Je m’évade en
cherchant des rimes »
Vers
un paysage sans doute familier :
« Et revois un
discours intime, Le vieux pin tordu par le vent »
Elle se remémore des sensations par la vue, l’ouïe (« siffle »), le toucher (l’effet de
« la bise »), ce qui
l’aide à conserver une part de son humanité que l’on tente de lui arracher.
Les deux poèmes qui vont
suivre abordent le thème de la nature mais dans le moment présent et dans ce
qui entourent leurs auteurs.
[3]Le ciel,
le même partout, est limpide et vaste,
Le soleil, le même partout, se pare d'or,
La forêt, la même partout, est verte,
Et partout, en tout temps, le soleil se couche
en rouge,
Tout dans la nature est étonnamment beau
Et seule la vie est une illusion
[4]Le poème ci-dessus est l’œuvre du poète Jerzy
Henrik Orlowski, plus connu sous le nom de Uri Orlov datant de 1944. Il n’a que
12 ans quand il est envoyé à Bergen-Belsen. A l’âge de 13 ans il écrit quinze
poèmes, débordant de maturité, sur l’espérance qu’un autre monde
revienne :
"J'ai écrit les
poèmes dans des élans de soudaine inspiration", écrira-t-il plus tard.
Le poème ci-dessus est l’un
de ses quinze poèmes écrit à Bergen-Belsen en 1944. Malgré un quotidien des
plus horribles, il arrive à montrer toutes les belles choses de la nature avec « le ciel », « le
soleil » ou encore « la
forêt » pour s’échapper de sa réalité. Il accentue le fait que la
nature est la même partout et que tout y est « étonnamment beau ». Mais que « la vie est une illusion » dans le monde dans lequel il
se trouve.
Extrait du carnet d’Uri
Orlov
Rubinstein-Virolleaud fuit
lui aussi l’horreur des camps en se concentrant sur la nature. Il écrit à
Auschwitz un poème portant le nom de L’appel du matin. Cet ouvrage fait
partie des textes choisi par Yves Ménager dans Paroles de déportés.
Le
poète fait une description du levée du soleil le matin sur le camp d’Auschwitz.
Malgré la description de l’auteur sur l’horreur de son quotidien :
« cette terreur les nazis et leurs camps les crématoires fumants »
L’auteur se concentre sur
le peu de nature qu’il arrive à voir, en l’occurrence le soleil, « si beau » « sur toute cette
laideur ». Et le réconfort que cela lui procure.
Il arrive à fuir sa réalité
à l’aide des mots « rêves »
et « portes de rêves » pour
finir avec un message positif et plein d’espoir :
« il existe encore Liberté Esprit Beauté Joie
féconde ! »
Certains
poèmes sont des moyens de faire passer un message et de s’évader.
Je voudrais aller seule
Je voudrais aller seule vers d’autres gens
meilleurs, au hasard, dans
l’inconnu, où nul ne tue personne. Peut-être arriverons-nous en foule jusqu’à ce but
rêvé, qui sait ? Des milliers peut-être, et pourquoi pas très vite ?
Ce poème est écrit par
Alena Synkova née à Prague le 24 septembre 1926 et arrivée au ghetto le 22
décembre 1942. Elle a survécu à la déportation. La date de ce poème n’est pas
connue, mais l’on peut imaginer qu’Alena Synkova l’a écrit dans le ghetto.
Ce poème intitulé Je voudrais aller seule, est un message d’espoir d’un monde meilleur « où nul ne tue personne ». Elle voudrait partir seule mais a un désir d’humanité, malgré ce qu’elle vit. Ce poème se détache des autres car, pour la plupart, il y a un désir de fuir par la nature, seul, alors que dans ce poème, l’auteur souhaite partir seule, mais dans le but de retrouver d’autres personnes.
Ce poème intitulé Je voudrais aller seule, est un message d’espoir d’un monde meilleur « où nul ne tue personne ». Elle voudrait partir seule mais a un désir d’humanité, malgré ce qu’elle vit. Ce poème se détache des autres car, pour la plupart, il y a un désir de fuir par la nature, seul, alors que dans ce poème, l’auteur souhaite partir seule, mais dans le but de retrouver d’autres personnes.
Un poème peut aussi rendre
hommage à un être cher. On peut fuir sa réalité en narrant l’histoire de
quelqu’un d’autre.
Comme pour la poésie, la
musique est un moyen de fuir la réalité que les prisonniers subissent au
quotidien. La musique arrive à faire ressentir et à partager des sentiments.
Pour exemple, L’Empereur
d’Atlantis [5]ou Le refus de
la mort, est un opéra de Viktor Ullmann en un acte et composé de quatre
tableaux. Cette œuvre est écrite dans le camp de concentration de Theresienstadt
en 1943 et demeure inachevée car son auteur est mort dans ce camp. Un empereur
devenu fou instaure une guerre totale qui a pour but de décimer toute la
population mais la Mort refuse de participer à ce projet. En transposant la
situation réelle de la guerre dans son opéra et en faisant abdiquer la Mort,
l’auteur s’engage dans une sorte de résistance.
[6]C’est dans le même camp que Gidéon Klein écrit Trio
à cordes en 1944. Il est né en Moravie le 6 décembre 1919. En 1941 il est
envoyé au ghetto de Terezin. Le 16 octobre 1944, Klein est déporté à Auschwitz
comme tout le reste de sa famille. En raison de sa jeunesse, il est assigné aux
travaux forcés dans les mines de charbons de Fürstengrube, qui sont gérées par
les autorités du camp d'Auschwitz.
Le Trio à cordes est composé d’un alto, d’un violon et d’un violoncelle. Il comporte notamment dans le second mouvement une variation d’un chant hébraïque intensément émouvante.
Le Trio à cordes est composé d’un alto, d’un violon et d’un violoncelle. Il comporte notamment dans le second mouvement une variation d’un chant hébraïque intensément émouvante.
En conclusion, l’art sous
toutes ses formes, permet une évasion de l’enfer des camps. Mais cela permet
aussi de faire un témoignage de la vie que les prisonniers menaient dans les
camps à l’époque de la seconde guerre mondiale. L’art dans sa globalité, a aidé les prisonniers des camps à
supporter l’horreur de leur quotidien. Malgré la présence constante de la mort,
leurs poèmes ou œuvres musicales traduisent leur combat et l’amour pour la vie
ainsi qu’un grand sentiment d’espoir d’un monde nouveau.
[6] http://www.musicologie.org/Biographies/k/klein_gideon.html)
C) L'art un moyen de rassembler les individus
C) L'art un moyen de rassembler les individus
La musique est un art que l'on peut
partager, qui devient collectif dans le cadre par exemple d'une
chorale, d'un trio ou d'un orchestre.
L'orchestre des femmes d'Auschwitz :
Cet orchestre féminin est créé en
juin 1943 au sein du camp d'Auschwitz à la demande d'un SS, par
Zofia Czajkowska, une polonaise qui exerce, avant d'être déportée
le métier de professeure de musique. Une place dans l'orchestre
permet d'échapper non seulement aux chambres à gaz mais aussi aux
travaux forcés.
L'orchestre a 2 fonctions. La
première est de cadencer le rythme des pas des femmes qui partent au
travail le matin et qui en reviennent le soir pour rendre plus facile
aux nazis la tâche qu'est de les compter. La seconde est de divertir
les SS.
Malgré le fait que l'orchestre des
femmes d'Auschwitz ai été créé sous ordre des SS, il permet un
rapprochement entre les femmes (on pense à Violette Zylberstein1
et son amie Hélène) et un échappatoire à l'horreur omniprésente
que représente le camp.
Auteur anonyme, Orchestre féminin à
Auschwitz, date inconnue
Les chorales :
« Beaucoup de chorales ont été
crées dans les camps. Le dimanche, on avait la permission, au camp
de Sachsenhausen2 ,
de chanter en cœur. Comme la musique est le moyen le plus favorable
pour rassembler, nous avions monté des chorales dans tous les
Kommandos. Ces chorales entonnaient des chants régionaux, des
chants folkloriques de la France entière : Petit Quinquin à
Jeanne La Lorraine, à le beau ciel de Pau, le répertoire
marseillais et provençal. Le repértoire comprenait des compositions
des chansonniers de Montmartre. Tout cela créait une bouffée d'air
frais, une boufée d'espoir dans le camp. »
Témoignage
de Charles Désirat3,
dans Actes du colloque Créer
pour survivre
Le chant de Pithiviers ou
Notre courage n'est point brisé :
Le camp de Pithiviers est un camps de
transit situé dans le département du Loiret. Situé au Nord-Ouest
de Beaune-la-Rolande (autre camp de transit du même département),
le camp de Pithiviers est au départ construit au début de la
Seconde Guerre mondiale pour y interner les prisonniers de guerre
allemands.
Après le 22 juin 1940, le camp est finalement utilisé pour déténir des prisonniers de guerre français (étant situé dans la zone occupée).
Après le 22 juin 1940, le camp est finalement utilisé pour déténir des prisonniers de guerre français (étant situé dans la zone occupée).
Puis le gouvernement de Vichy le
transforme en camp de transit pour les Juifs raflés.
La 1ère rafle de juifs étrangers en
France a lieu en 1941 : 3700 hommes (presque tous polonais) sont
internés au camps de transit de Beaune-la-Rolande et Pithiviers.
Des comissions culturelles se
forment. Celles-ci sont crées pour « relever le niveau général de
culture des internés » et pour garder le fol espoir de s'en sortir.
Le compositeur Mendel Zemerman ainsi que le poète Israël Cendorf
font partie de ces comissions. Dans le camp, il y a des soirées ou
matinés organisées durant lesquelles on chante, on fait du théâtre,
on lit de la poésie, ou on débat sur un thème (nb: le « on»
désigne les internés). Mendel Zemerman y créé même une chorale.
Israël Cendorf (poète) reçoit même
un prix de cette comission : ce dernier va de baraque en baraque pour
remonter les moral des autres prisonniers en lisant des poèmes.
En 1942, les deux hommes cités ont
encore de l'espoir. Ensemble, ils forment le chant de Pithiviers :
l'un compose la musique, l'autre écrit les paroles.
Le chant de Pithiviers devient
un hymne. Nombreux sont les prisonniers qui le chantent avant de
rentrer dans les chambres à gaz à Auschwitz ou Birkenau.
Le
chant de Pithiviers interprété
par Jacinta : (voir 1'40)
Le camp de Pithiviers est évacué en
octobre 1943 pour devenir un camp de concentration pour des détenus
politiques.
Paroles traduites du yiddish par
Charles Dobzinski :
Vois le monde qui
bourgeonne
Quand revient ce mois de mai, En chœur, tous les hommes entonnent Le chant qui parle de liberté. Refrain
A la maison, solitaires,
Nous attendent femmes et enfants. Loin de nous, parfois ils désespèrent, Mais bientôt reviendra le printemps. Refrain
Elle est vieille cette
histoire,
Qui divise Juifs et Chrétiens. Quand viendra l'heure de la Victoire, Tous les hommes se prendrons par la main. Refrain
Vers le ciel, nos voix
altières
RefrainLancent très haut notre chanson. Notre espoir va conquérir la terre Vois, le soleil monte à l'horizon. Refrain Tous uni avec courage, Nous défions notre destin. Nous savons qu'après l'orage, Le soleil luira sur nos chemin. |
Les
paroles de la chanson sont à l'image de l'état d'esprit du poète
et du compositeur car elles parlent de courage et d'espoir. Selon
eux, tout cela n'est qu'une passade et bientôt « tous les hommes se
prendront par la main ».
Photographie du camp de Pithiviers
Un autre chant yiddish de la même
période : Zog Nit Keynmol.
Il
est écrit un an après Le
chant de Pithiviers par
Hirsch Glick, un jeune juif détenu au ghetto de Vilnius. Pendant la
guerre, il est l'hymne de différentes brigades de partisans juifs.
Aussi
connu sous le nom de
Chant des Partisans
, il est peut-être le plus connu des chants Yiddish créés pendant
l'Holocauste. Zog
Nit Keynmol
est basé sur une mélodie préexistant écrite par le compositeur
soviétique-juif Dimitri Pokrass.
Inspiré par les nouvelles du soulèvement du ghetto de Varsovie, la chanson a été adoptée comme l'hymne officiel des partisans Vilna, peu de temps après qu'elle ai été composée en 1943 et diffusée avec une rapidité remarquable à d'autres ghettos ainsi qu'à des camps. La chanson est puissante et a un air de défi optimiste, reconnaissant la souffrance juive dans le passé ainsi que dans le présent.
Elle encourage les Juifs à continuer à se battre pour leur survie. C'est une des chansons les plus fréquemment exécutées aux cérémonies de commémoration de l'Holocauste.
Inspiré par les nouvelles du soulèvement du ghetto de Varsovie, la chanson a été adoptée comme l'hymne officiel des partisans Vilna, peu de temps après qu'elle ai été composée en 1943 et diffusée avec une rapidité remarquable à d'autres ghettos ainsi qu'à des camps. La chanson est puissante et a un air de défi optimiste, reconnaissant la souffrance juive dans le passé ainsi que dans le présent.
Elle encourage les Juifs à continuer à se battre pour leur survie. C'est une des chansons les plus fréquemment exécutées aux cérémonies de commémoration de l'Holocauste.
Elle est réputée pour être l'un
des principaux hymnes des survivants de la Shoah.
Paroles de Zog Nit Keynmol en
yiddish :
Zog
nit keynmol az du gayst dem letzten veg,
Ven
himlen blayene farshteln bloye teg;
Vayl
kumen vet noch undzer oysgebenkte shuh,
Es
vet a poyk tun undzer trot - mir zaynen do!
Le titre Zog Nit Keynmol
signifie « Ne dit jamais », il dérive de la première ligne de la
chanson « Ne dit jamais que c'est ton dernier chemin ». Le premier
couplet (ci-dessus) termine en soutenant « mir zaynen do ! » qui
signifie en français « nous sommes là ! », qui insinue « nous
serons toujours là ! ».
Version de Zog Nit Keynmol chantée
par Chava Alberstein :
1933 à Börgermoor1,
un chant qui aura un impact considérable est écrit : Le Chant
des Marais.
Son titre officiel est le
Börgermoorlied mais il est également connu sous les noms de
Chant des Marais et Die Moorsoldaten. Il est le plus
renommé des chants du système concentrationnaire, étant populaire
dans le monde entier.
Il est composé un 27 août. Ses
paroles sont de Johann Esser2
(puis elles seront re-travaillées par Wolfgang Langhoff²)
et la musique est composée par Rudi Goguel².
Après avoir répété maintes fois
dans les latrines de la baraque 8, la chanson est chantée lors d’un
« concert » accordé par la direction du camp aux détenus. Le
chant est interprété par 16 hommes qui portent une tenue verte .
Les autres prisonniers le reprennent en choeur ainsi que certains
gardes !
Loin
vers l’infini s’étendent
Des grands près marécageux.
Pas
un seul oiseau ne chante
Sur les arbres secs et creux.
REFRAIN
O,
terre de détresse
Où nous devons sans cesse
Piocher.
Bruit
des pas et bruit des armes,
Sentinelles jour et nuit,
Et du
sang, des cris, des larmes,
La mort pour celui qui fuit.
REFRAIN
Mais
un jour dans notre vie,
Le printemps refleurira
Libre enfin, ô
ma patrie,
Je dirai tu es à moi.
REFRAIN
O,
terre d’allégresse
Où nous pourrons sans cesse
Aimer.
Lorsque le chant finit, les 16 hommes
plantent leur bêche dans la terre à l'image du mot qui revient
souvent dans la chanson : « piocher ». Toutefois, cette dernière
s'achève sur une note plus joyeuse lorsque le refrain subit une
modification : à la place de l'expression « où nous devons sans
cesse piocher » on trouve, pour clore la chanson de manière
optimiste, l'expression « où nous pourrons sans cesse aimer ».
2 jours après cela, le Chant des
Marais est officiellement interdit au camp de Börgermoor puis
dans tous les camps nazis, jusqu’à leur chute. Cependant, la
carrière de la chanson est lancée…
Le
Chant des Marais
entonné par des chanteurs anonymes :
1Auteur
des Sanglots longs des violons de la mort, livre
pour les enfants sur coment survivre grâce à la musique dans les
camps nazis.
2Camp
de concentration situé en Allemagne, au nord de Berlin.
3Né
en 1907 et décédé en 2005, Charles Désirat était un grand
résistant communiste, ancien dirigeant du Secours Populaire, qui
fut déporté au camp de concentration d'Oranienburg-Sachsenhausen
(voir 1) en 1943.
1Camp
de concentration établi en Allemagne du nord en Basse saxe.
2Détenus
du camp de Börgermoor.
Parmi ces nombreuses
actions tant importantes dans cette guerre, ce sont la poésie et la musique qui
nous ont intéressées. Effectivement, de nombreux artistes ont mobilisés leurs
arts au péril de leurs vies afin de manifester leur rage et leur mépris, de
rester libre, et de rester humain. Cette forme de résistance était également
pour ses auteurs un moyen d’apporter du soutien aux différents peuples et
victimes. Ainsi, ces artistes ont pu témoigner un soutien important à la
Résistance en même temps qu’un soutien moral à leurs camarades.
Bien sûr ce ne sont pas les seules formes artistiques qui ont été utilisées. Le cinema, la peinture ou le dessin étaient également présents, on peut alors trouver de nombreux dessins témoignant de ce qu’ont pu vivre les prisonniers dans les camps comme par exemple les œuvres de Boris Taslisky qui laissa derrière lui une centaine de dessins.« Si je vais en enfer, j'y ferai des croquis. D'ailleurs, j'ai l'expérience, j'y suis déjà allé et j'y ai dessiné !... »
Conclusion :
En 1945, lors des offensives contre les troupes
allemandes, les Alliés pénètrent dans
les camps de concentrations et d’extermination construis par les nazis en
découvrant ainsi des milliers de prisonniers et l’ampleur des massacres. Parmi
les amoncellements de cadavres qui gisaient en plein air se trouvait quelques
milliers d’hommes et de femmes
traumatisés (en effet la plupart des prisonniers avaient déjà été évacués par
les nazis), et faméliques dont les
conditions de vie étaient jusqu’à lors totalement inconnues.
Ce n’est que le 8 mai 1945 que l’Allemagne capitule sans condition annonçant ainsi la fin de la guerre en Europe. Ce fut une guerre meurtrière qui fit 60 millions de morts et laissa derrière elle des Etats et des populations dévastés, meurtris, et choqués. Pour les résistants, le bilan est également lourd. En effet, on compte au total environ 80 000 morts seulement parmi les résistants français dont 30 000 dans les camps. Mais les actions des résistants n’ont pas été inutiles et outre la libération, la Résistance est parvenue à réaliser l’union la plus grande, à rétablir la République et à apporter une évolution dans l’histoire de l’Europe.
Ce n’est que le 8 mai 1945 que l’Allemagne capitule sans condition annonçant ainsi la fin de la guerre en Europe. Ce fut une guerre meurtrière qui fit 60 millions de morts et laissa derrière elle des Etats et des populations dévastés, meurtris, et choqués. Pour les résistants, le bilan est également lourd. En effet, on compte au total environ 80 000 morts seulement parmi les résistants français dont 30 000 dans les camps. Mais les actions des résistants n’ont pas été inutiles et outre la libération, la Résistance est parvenue à réaliser l’union la plus grande, à rétablir la République et à apporter une évolution dans l’histoire de l’Europe.
Bien sûr ce ne sont pas les seules formes artistiques qui ont été utilisées. Le cinema, la peinture ou le dessin étaient également présents, on peut alors trouver de nombreux dessins témoignant de ce qu’ont pu vivre les prisonniers dans les camps comme par exemple les œuvres de Boris Taslisky qui laissa derrière lui une centaine de dessins.« Si je vais en enfer, j'y ferai des croquis. D'ailleurs, j'ai l'expérience, j'y suis déjà allé et j'y ai dessiné !... »